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18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 22:35

   Me suis réveillé en sursaut au beau milieu de la nuit, haletant, le front trempé : je venais de faire un cauchemar dans lequel des nains me persécutaient. Ne me demandez pas pourquoi car, sauf à visionner Freak de Tod Browning (1932), il m’était impossible à imaginer des nains puissant faire du tord.  Qui plus est à moi, l'ami de l'Homme. Pour moi, les nains étaient des rigolos-sympathiques du genre du regretté « Giant coocoo » dans Miel et les abeilles (de son vrai nom Désiré Bastareaud, lequel a commencé sa carrière cinématographique dans le porno) ou de « Passe-partout » dans Fort Boyard.

Je me suis donc penché sur le nain, le nanisme et sa représentation dans nos sociétés pour en venir à la conclusion que le peuple français, à l’heure de l’image télévisée, était à la pointe du cassage de tabous.

De mon premier réflexe, celui d’ouvrir l’édition 1990 du Petit Larousse Illustré, il en ressort cette définition aussi complète que concise : « Dont la taille est de beaucoup inférieure à la taille moyenne ». L’encyclopaedia Universalis, quant à elle, expose le nanisme comme suit : « Retard de croissance responsable d’une petite taille à l’âge adulte, secondaire à différentes pathologies héréditaires ou métaboliques. Le terme de nain étant traditionnellement utilisé pour décrire des sujets présentant un corps et des membres disproportionnés, ou des sujets de taille réduite mais de proportions normales. Aujourd’hui, les personnes présentant des retards de croissance extrêmes sont simplement dites de petite taille ». Pour faire court, il existe plusieurs formes de nanismes, lesquels portent tous des noms probablement prononçables au terme d’exercices phonétiques poussés. Or les nains sont représentés, souvent dans la culture populaire, mais pas seulement, depuis des millénaires. C’en est ainsi de Seneb, nain égyptien ayant vécu sous la Ve Dynastie (soit environ 2500 à 2350 av J-C). Il apparaît que déjà, en ce temps-là, les nains pouvaient eux aussi s’acoquiner de créatures plantureuses, tout du moins "normales". 

Les grecs accordaient, pour leur part, au nain, une dimension plus mystique. Cependant, à en croire Daniel Salles, le nanisme était considéré, dans l’antiquité romaine, comme une erreur de la nature. Les divertissements lors des jeux de l’amphithéâtre voyaient s’opposer des nains à des femmes. Certains de ces nains pouvaient aussi faire partie de la cour impériale. Ce qui n’est pas sans rappeler les « bouffons » ou « fous du roi » et enfin les "phénomènes de foires" dans des temps plus récents. « Tom Pouce » (Charles Sherwood Stratton) était l’un d’eux. Il faisait partie du cirque Barnum et vécu au 19e siècle.




















De gauche à droite: George Washington Morisson Nutt, Charles Sherwood Stratton, Lavina Warren Stratton, Minie Warren.

Les nains jouissaient donc de représentations et de perceptions publiques tantôt gratifiantes, tantôt déshonorantes. Les caricaturistes du 18e siècle s’emparant enfin du nanisme pour mettre en exergue le gigantisme de certains empereurs, notre Napoléon Bonaparte en premier lieu. Il est donc certaines images du nain qui, aujourd’hui, ne sont pas franchement très gratifiantes pour les premiers avisés. Même s'il en est qui se sentent bien dans leurs basket et, ils ont très certainement raison:

Le "lancé de nain" étant une de ces variantes.


Il faut noter que cette pratique a été rendue illégale dans certaines villes de France au début des années 90 et confirmée par le haut commissaire de l'Organisation des nations-unies sur les droits de la personne en 2002. Ce dernier tergiversant sur la dignité humaine. Ceci explique probablement cela : de nos jours, il est de bon ton de parler de « personne de petite taille » en référence aux nains, comme il est de bon ton de dire « personne corpulente » pour les gros, « personnes âgées » pour les vieux, et à contrario « terroriste » pour gauchiste-poète insignifiant de Tarnac.

Mais il n’empêche que notre « Noboléon » national, notre petit Iznogoud, notre « fâcheux de l’année » 2006, celui qui est devenu président de la république française en 2007, malgré sa petite taille - et sa détermination à le cacher – prouve ceci : le français n’en a cure des images rapetissantes des personnalités publiques. Tout comme il n’en a cure de la taille de son futur administrateur. A la manière des américains, qui ont élus leur premier président noir, les français ont brisé un tabou !
































C’est à croire que le français reste subversif et révolutionnaire par nature. Ce qui fait d’ailleurs le charme de la France, n’est-ce-pas. Les questions taboues volent en éclat au gré d’une élection. Mais l'establishment moralisateur n'est certainement pas étranger à tout cela. Et comme le français n’est pas avare d’innovation pour ce qui se rapporte aux questions de moralités, il ne serait pas surprenant de voir prochainement mis en scène un ou des handicapés mentaux pour la cause publicitaire. Allez, à vue de nez, je vote pour Pascal Duquenne. Mais là, je ne me mouille pas trop...




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